Le héros de Berlin de Maxim Leo
Le héros de Berlin est un véritable témoignage des affres idéologiques de la guerre froide qui demeurent encore et toujours entre les deux Allemagnes “réunies”. Drôle, sarcastique et instructif. A découvrir !
Le héros de Berlin en quelques mots
Alors que l’Allemagne va commémorer la “réunification”, Landmann, un journaliste du Fakt cherche un sujet plus excitant que les habituelles cérémonies officielles. Il va en trouver un en la personne de Michael Hartung, grâce à des archives de la Stasie. Celui-ci a fait passer à l’Ouest 127 personnes alors qu’il était en charge d’un aiguillage à la fameuse station Fridrichstrasse en juillet 1983.
Lors de sa visite, Hartung nie en bloc. Et pour cause, si le train est bien passé à l’Ouest, ce n’est que par négligence. Après trois bières et quelques billets de banque, il accepte finalement de livrer son histoire. Malheureusement, celle-ci ne plait pas du tout au journaliste qui en invente une plus palpitante pour son journal. L’affaire s’emballe et les mensonges deviennent affaire d’État jusqu’à la chancellerie qui veut faire du gérant d’un minable vidéoclub, Le héros de Berlin. Même Lidl s’en fait des choux gras avec le slogan : « il y a trente ans tombait le Mur, chez nous ce sont les prix ». Mais rien ne va se passer comme sur des rails, jusqu’à la rencontre avec une femme passagère du train. Que faire, continuer à mentir ou dire la vérité au risque de tout perdre ? Sa nouvelle fiancée et la carrière du journaliste.
Ce que nous pensons de Le héros de Berlin de Maxim Leo
Au-delà de l’affaire, de ses péripéties et de son côté burlesque, Maxim Leo, qui a vécu à l’Est jusqu’à ses 19 ans, met le doigt sur le roman national et ses arrangements avec l’histoire. La fabrique d’un récit, celui de la guerre froide et celui de l’après. Une vérité absolue, parfois travestie et sans équivoque possible. Car dans cette Allemagne réunie, il demeure toujours aujourd’hui des Allemands de l’Ouest et des Allemands de l’Est.
Extrait : …
– Mais qu’est-ce qui a bien pu vous faire descendre dans la rue en 1989 ?
– Je n’étais pas dans la rue.
– Je vous demande pardon ?
…
– Pas le temps ?
– D’autres choses étaient plus importantes, même si ça paraît bizarre de dire ça aujourd’hui. Ce qui m’intéressait, c’était ma famille.
– Ah, je comprends, après votre séjour en prison, vous aviez peur d’être de nouveau enfermé ?
– Non, ça n’avait rien à voir. J’avais de tout autres soucis, ma chaudière venait de claquer…
Le Héros de Berlin de Maxim Leo.
Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni
Actes Sud, mai 2023, 304 p