Et toujours les forêts de Sandrine Colette
Vif et plein d’humour, c’est un polar d’une grande sensibilité qui par delà ses aspects enjoués traite de problématiques sociales et économiques. Se dévore d’une traite !
Et toujours les forêts de Sandrine Colette
« File, merde » C’est par ces mots que la mère de Corentin laisse sont fils chez Augustine. C’est dans cette ferme, au milieu de la forêt qu’il apprendra à vivre. Entre ses études et la ferme, il grandit avec l’amour de Corentine et l’amitié avec Mathilde et Jeannot. Puis, c’est le départ pour les études vers Paris. Autre lieu, autre vie. Il découvre un univers bien loin des forêts. La ville, le béton, la fête, l’alcool et les filles. Une vie d’étudiant dans l’insouciance. Puis, vient le drame lors d’une de ces fêtes alcoolisées, dans un local souterrain. Un bruit, la chaleur, la mort. Ce qu’ils découvrent en sortant est effroyable. Rien n’a subsisté. Chacun part alors à la recherche de ses proches. Corentin veut retrouver Corentine et ses forêts. Il prend la route…
Au-delà de l’apocalypse, Sandrine Colette s’attache à décrire l’homme face à lui-même dans un monde qui ne ressemble plus à rien. L’attachement au passé pour retrouver un avenir. Corentin n’est pas seul au monde. Lors de son périple vers ce qui le rattache à la vie – les forêts – il croisera des hommes, des femmes et un chien. Aveugle lui aussi, rejeté, miraculé, ensemble, ils traverseront un monde brûlé où même les pluies sont acides.
Ce que nous pensons de Et toujours les forêts de Sandrine Colette
Extrait de la citation placée en exergue : Grêle et feu mêlés de sang tombèrent sur la terre ; le tiers de la terre flamba, le tiers des arbres flamba, et toute végétation verdoyante flamba – Apocalypse de Jean
Un enfant abandonné, un paysage dévasté, l’abandon s’inscrit au cœur de cette fable où la nature comme dans tous les livres de Sandrine Collette tient le rôle principal. Là, c’est le chaos pas la moindre trace de vie, plus loin il y a encore la forêt, refuge, piège ? Le style fluide du récit fait suivre à force de péripéties le personnage de Corentin qui s’accroche à ce qui pourrait sembler de la vie. Il tire le fil d’une pelote comme nous déroulons le fil de cette histoire qui, si elle recèle des zones sombres, évoque une philosophie mais aussi une vision que l’on ne souhaite pas prophétique. Si l’on pense à Colum McCann, c’est sans doute du côté de Cormac McCarthy et de ses nuits plus obscures que l’obscur de la trilogie des confins que l’on pourrait retrouver le souffle d’une inspiration, mais ce que l’on vérifie à la lecture appartient bien à l’univers que Sandrine Collette a déjà esquissé où la confrontation de l’homme et de la nature éveille en nous une réflexion durable. Un roman profond !
Roman qui semble réaliste, avec les temps qui courent, mais terrifiant. Dès que je l’ai commencé, je ne l’ai plus quitté tellement il m’a semblé réel. Je vous le recommande fortement, après sa lecture vous ne serez plus indifférent à l’environnement !